Aménager son intérieur ou l'union paradigmatique de Versailles et de la Cité
Avec ma copine nous sommes face à un défi: aménager son petit intérieur pour que ça soit vivable à deux dans 30 mètre carrés (un peu plus). Nous aurions voulu habiter à Versailles mais nous n'avons pas les moyens pour réaliser nos fins. Grâce à Emmaus, nous avons pu acheter quelques meubles embelissant pour neutraliser la grisaille d'ikea (en plus les vis sont bizarres et n'entrent pas bien dans les trous...) et créer une atmosphère plus "bourgeoise".
Mais comme j'ai tapissé aussi l'unique pièce de photographies de ballerine (ma copine aime la danse classique), l'impression finale est un peu curieuse car elle mêle trois ambiances contradictoires. La coïncidence des opposés est donc assez lointaine. Le bureau et l'armoire-secrétaire me font songer à l'atmosphère des émigrés russes tentant de refaire un monde imaginaire et disparu, ikea rappelle le monde moderne et le bourg aux allures de cité aux alentours me donnent l'impression d'un certain exil.
Heureusement nous tentons de mettre quelques plantes sur le balcon et à l'intérieur qu'on espère ne pas faire mourir immédiatement. Sachant que je suis transformé en sentinelle quand les voisins du dessus décident de battre leur tapis, faisant convoler trois tonnes de poussière sur notre petit balcon qu'on passe son temps à nettoyer et refusant de nous répondre quand on sonne chez eux.
Donc si on a réussi à réaliser le tour de force d'évoquer un Versailles imaginaire miniaturisé, il n'en reste pas moins que la dépression n'est jamais loin, car nous sommes loin de la nature et comme enserrés au milieu de voisins bruyants dans une entaille et une saignée, ne laissant aucun répit, car deux secondes de piano clavinova improvisées autour de Tournemire pour égayer la vie en cuisine (on est contraint de faire aucun bruit car tout résonne atrocement) ont valu l'apparition soudaine d'une armée d'éléphants au dessus et une fuite éperdue de notre part au beau milieu des "jardins de Paris" traversés par les Porches, somptueuses maisons plus belles encore qu'Arcachon jouxtant la cité, comme deux mondes qui se regardent en s'ignorant, l'un faisant pâlir l'autre d'envie.
Toutefois on peut profiter de ce lieu de paix par le travail en faisant une sorte d'Université à la maison en miniature, en ouvrant le regard et en déployant les perspectives. Grâce à Internet nous pouvons accéder à la mémoire des gestes de l'humanité grâce aux images et aux sons de textes essentiels et esquisser dehors quelques pas de gymastique ou au Fitness ouvert tout le temps. Donc de chez soi activer le moteur immobile qui permet de traverser l'épaisseur des murs sous peine de mourir étouffé et sclérosé et réveiller le muscle de l'âme
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