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Romantisme scientifique
31 décembre 2019

La montagne magique

J'ai emmené ma copine en cure à Montgenèvre pour se régénéger grâce à l'or blanc, après les affres des grèves de la région parisienne qui ont cependant permis d'initier un peu de marche nordique. Et pour échapper au dérangé qui tape constaemment sur nos têtes avec un marteau au dessus de chez nous et aux incursions de nuit au logis, on devient prêt à tout. J'ai eu la chance de profiter de ce chalet dans mon enfance où j'ai pu apprendre régulièrement à faire du ski et à glisser sur les pistes enneigées.

Mais, à ma grande surprise, les tire-fesse étaient réduit à une peau de chagrin (il faut bien les chercher pour les trouver au milieu du vaste domaine comme des pierres résiduelles d'un an-temps révolu), les bosses avaient dès lors bel et bien disparu, tout comme la maison familiale agrandie et magnifiée par un belle couleur sentant bon le sapin, servant maintenant à la location d'appartements pour vacanciers fortunés.

L'esprit moderne sensible à la loi du moindre effort et au principe du plaisir généralisé (sous forme de descentes poudreuses avec de petits skis aux formes paraboliques et non aux sévères descentes sur un parcours verglacé) s'est substitué au rude apprentissage des mollets qui souffrent et aux genoux qui trinquent, à tout ce qui concerne l'effort soutenu et la concentration authentique, qui seule permet de "passer outre" et aller au delà des situations, conditions difficiles et phénomènes bigarrés ordinaires et extraordinaires. 

Le "ski des vieux" représente pour les âmes actuelles qu'un lointain souvenir, trace des vestiges datant de l'époque des dinausores et des hommes du Néanderthal dans un monde où tout doit être lisse, sans obstacles, coulant et doucereux. Sa simple mention sucite indignation, rires étouffés, haussements d'épaules, ricanements larvés et gaussement sardoniques, comme si vous étiez devenu fou malgré vous et subrepticement un hors la loi. 

J'ai vainement cherché la maison d'antan en scrutant fastidieusement du regard un peu partout aux alentours, sans pouvoir bien la reconnaître, car elle jouxte maintenant le châlet de ma tante comme son frère jumeau. Il faut dire que j'étais un peu fatigué mais réjoui après une nuit de route et un Noël au pain d'épice au milieu du Queyras, accompagné par la petite skoda rouge toujours fidèle et debout qui a remarquablement bien remonté la pente. 

Mais n'est ce pas conforme à l'esprit originiel de Noël de songer aux plus pauvres et aux plus démunis comme nos prochains, soit une part de nous mêmes, certes la plus inconnue, peut être la plus honnie et la plus méprisée mais la plus vaste et riche en potentiels divers ? Pour cela, rien de tel qu'un peu de froid pour nous réveiller et nous dégourdir (même si rouler nous donne la chaleur et le chauffage nécessaire pour éviter une excessive fraîcheur), afin d'avoir une vague parenté et un souvenir analogique avec la véritable pauvreté en esprit.

Connaître et aimer le bien revient à agir par identification avec les belles choses et les bons êtres dotés de qualités manifestes ou cachées. Le mal ne se fait connaître lui que par ses effets seconds délétères et ne saurait être reconnu par empathie et sympathie universelle. 

En l'occurrence, l'odyssée bienfaisante d'un faux pauvre sur les chemins escarpés doublant la voûte des étoiles nous offre le plus sublime des toits et sert d'écrin à nos coeurs ensevelis, se substituant à une loi morale artificieuse et rigide inscrite dans le glaive marbré, planant sourdement au dessus de nos têtes comme une menace ou une fausse récompense.

La "langue de la neige" manifeste avec certitude la liberté primordiale et originelle de l'esprit dotée d'une spontanéité immédiate. Glisser sur la luge, se rouler par terre en boule, avancer avec de grosses bottes dans la poudre résistante comme le non-moi au Moi au centre d'une materia prima permet de se (re) connecter à soi, à la pureté première de l'âme et à sa virginité. Chez les chrétiens, la neige symbolise Marie qui régénère les neurones et les facultés engourdies; pour les bouddhistes elle désigne l'aspect pur de l'esprit diamanté et l'action salvatrice de ses "gouttes" créatives. Enfin c'est ma vision des choses. 

La "géologie des sentiments" est particulièrement  tenue à l'honneur chez les êtres et esprits des montagnes (pour preuve la remarquable maison de géologie près de Briançon qui explique les mystères du Chenaillet, Montagne magique qui nous vient du temps des océans lointains) et échappe par nature à l'esprit du "vampirat universel". Son ressort à pein voilé consiste en la victimisation de tous en/par tous, ce qui conduit inéluctablement à la robotisation, à l'effacement et à la destruction pure et simple des liens sociaux ancestraux. 

La statisique généralisée, les combinaisons logarythmiques insensées et l'univers des probabilités se sont substituées à la recherche du singulier, aux lois de linterdépendance et aux véritables finalités de l'existence. Comment se retrouver alors dans un tel maquis ? 

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La montagne et son divin manteau nous offrent peut être un secours et même l'ouverture d'un chemin si on sait l'écouter et entendre le message qu'elle nous délivre.

   

 

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Romantisme scientifique
  • Le romantisme est souvent désigné péjorativement comme synonyme d'abstraction et de déconnexion avec la réalité concrète. A travers ce blog, je souhaite montrer une autre vision possible inspirée de la "Natur Philosophie" appliquée à la vie quotidienne.
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